L'Audace de Vivre, Arnaud Desjardins

[briséis]

ARNAUD DESJARDINS
Véronique Loiseleur

"L'audace de vivre"


Extrait libre du premier chapitre intitulé "Osez vivre"

"Nous ne pouvons pas atteindre le Royaume des Cieux
en niant nos pulsions naturelles,
tout ce que nous portons en nous
et qui nous parait aller à l’encontre
d’une sagesse qui nous fascine.


Nous avons à retrouver une puissance de vie en nous
qui ne soit pas divisée et en lutte contre elle-même.



Cette puissance de vie doit être considérée comme
émanant de la plus haute réalité.
La Manifestation, l’expression du Non Manifesté, anime nos cellules,
notre respiration, les battements de notre cœur et la circulation
de notre sang, elle sous-tend toute notre physiologie…
et notamment la force sexuelle. .

Si elle n’est plus divisée contre elle-même,
cette énergie peut être maîtrisée, transformée et mise au service
de la justice de chaque situation
mais seulement dans la réunification,
seulement dans l’audace de vivre.

L’audace de vivre implique de n’avoir plus peur de soi,
de défaire les nœuds et de lever les interdits
qui vous ont condamnés à cette peur de vous.

C’est aussi, après le courage de reconnaître complètement
ce qui est en vous,
le courage de vous lancer dans l’existence ,
de prendre des risques, de recevoir des coups,
en sachant à l’avance
que vous aller être exposés au jeu des contraires,
réussi-raté, heureux-malheureux, louange et blâme.


Certes, vous aurez à faire face à des conditions que jusque là
vous avez considérées comme douloureuses,
mais vous serez en mesure de les assumer puisqu’en étant
« un avec »
une situation quelle qu’elle soit, celle-ci ne peut plus vous affecter
et qu’en acceptant votre souffrance,
celle-ci débouche sur la paix des profondeurs.




Quand vous avez compris ces bases de l’enseignement,
vous n’avez plus peur de souffrir.

C’est à cela qu’il faut arriver.



Le disciple n’est pas celui qui essaie de récupérer
tout ce qu’on lui propose à l’ashram ou au monastère
pour ne plus souffrir.
C’est celui qui ne redoute plus de se mettre dans des situations
qui l’amèneront peut-être à souffrir.

Au moins il aura expérimenté, il aura vécu,
il aura su ce que l’existence pouvait ou non lui donner,
il aura commencé à comprendre la vérité de ce que nous appelons maya, l’illusion, moha, l’attachement,
avec le jeu de l’attraction et de la répulsion.
Un disciple est d’accord pour souffrir.



C’est la seule possibilité de grandir vraiment
et d’atteindre un jour une réalisation all embracing

comme on dit en Inde, incluant tout,
qui nous met complètement à l’abri de tout retour de manivelle,
de toute déception, de toute nouvelle flambée
de désespoir ou d’emportement


Si nous voulons sentir que nous sommes à la fois
complètement invulnérables et complètement non protégés,
il faut que nous soyons allés jusqu’au bout de nous-mêmes.

Si certains vasanas (tendances, pulsions) ont été refoulées ou réprimées,
si nous ne sommes pas en communion avec notre propre réalité,
comment pouvons-nous être en communion avec l’existence,
qui nous renvoie sans cesse à nous-mêmes ?





Il est dit dans la genèse :
« Dieu vit que sa création était bonne ».



La première application de cette vérité,
c’est que nous devons nous accepter complètement
et dans notre totalité en tant que créature,
c’est-à-dire création ou expression de Dieu
ou des énergies de Dieu.

Le yin et le yang, le jour et la nuit, le soleil et la pluie,
le chaud et le froid,
tout est en nous,
et c’est seulement en nous acceptant dans notre totalité
que nous pouvons atteindre ce dont la shakti est l’expression,
c’est-à-dire la lumière, l’amour, la paix, l’infini.

Vous ne pouvez atteindre le Non Manifesté, l’Atman ou le Brahman
qu’en passant par le Manifesté, la shakti, l’énergie,
et par la plénitude de cette énergie.

Si vous regardez bien, vous voyez d’abord cette énergie comme composée de ce qu’il est convenu d’appeler les dualités.
Ce qui peut être découvert, c’est cette énergie à sa source,
en tant que force de vie en deçà du jeu des contraires.



Vous pouvez sentir en vous, prendre conscience en vous
de la puissance de cette énergie
uniquement comme une énergie positive.

Un positif absolu en face duquel ne se dresse aucun négatif.
A sa source, cette énergie en nous est uniquement
une force d’expression.



Vous ne pouvez pas vous établir dans le grand silence du nirvana
si vous ne vous êtes pas auparavant enracinés
au niveau de l’énergie fondamentale
non encore divisée en polarités contraires.


Une forme de la méditation bien précieuse,
c’est de ne pas rechercher directement l’Atman, l’absolu,
c’est de chercher en premier lieu la puissance de la vie en nous
à l’état non conflictuel, non divisé.

C’est la clé même du yoga :
refaire en sens inverse le chemin de la manifestation, aller du plus grossier au plus subtil, de la multiplicité à l’unité.

Pour vous établir en permanence dans le plus haut niveau
de conscience qui nous soit possible,
c’est-à-dire au niveau de non dualité,

pour que ce niveau sous-tende toutes les péripéties votre activité
et vous permette d’être totalement désidentifiés
du personnage que vous êtes
avec son nom, son histoire, ses prédispositions et son karma,
il vous faut parcourir à l’envers le chemin de la manifestation
pour retourner au non manifesté.

Vous quittez d’abord le niveau habituel
des oppositions et des contradictions
dans le domaine des émotions, sensations, idées, états d’âme,
vous retrouvez en vous l’énergie fondamentale et,
avec l’aide de cette shakti,
vous retournez à l’Atman dont elle est issue.

Et pour commencez,
acceptez sans peur l’intégralité de vous-mêmes."