par adsodemelk » Mer 19 Oct 2011, 20:22
Cet homme est Giordano Bruno né en janvier 1548 à Nola et décédé le 17 février 1600 à Rome), Il était un philosophe italien et un des hommes qui a le plus souffert de l'inquisition.
Son nom de baptême est Filippo. Imprégné d'humanisme, d'auteurs classiques, d'étude de la langue et de la grammaire latine, il restera toutefois marqué par le pédantisme accompagnant l'enseignement, qui le rebute. Il rejoint l'université de Naples, où il découvre la mnémotechnique, art de la mémoire, qui constituera rapidement une de ses disciplines d'excellence. Il prend aussi des cours particuliers, qui le mettent au cœur des débats philosophiques entre platoniciens et aristotéliciens.
Sa culture, alors essentiellement humaniste, s'enrichit d'un apport théologique déterminant. Le 15 juin 1565, il entre chez les Frères prêcheurs de San Domenico Maggiore, prestigieux couvent dominicain et précieux refuge en ces temps de disette et d'épidémie. Il y rencontre Giordano Crispo, maître en métaphysique, dont il adopte le prénom en guise d'hommage. Il est alors un dominicain modèle, vivant selon la devise « verba et exempla » (« par le verbe et par l'exemple ») et ordonné prêtre en 1573.
Il devient lecteur en théologie en juillet 1575. S'il semble continuer sa carrière de dominicain, Bruno dissimule en fait une rébellion contre le carcan théologique. Au fil des années, il a su se forger une culture éclectique et peu orthodoxe, sans cesse alimentée par un appétit de lecture et des capacités exceptionnelles de mémorisation. Il est particulièrement adepte des œuvres d'Érasme, humaniste qui affirme sa liberté de pensée par rapport aux autorités ecclésiastiques. Il a le goût de l'hermétisme et de la magie. Enfin, grandit une passion pour la cosmologie, détachée de l'approche théologique.
Dès sa première année de noviciat, il avait ôté des images saintes de sa chambre, notamment celles représentant Marie, s'attirant l'accusation de profanation du culte de Marie. Au fil des années, les heurts deviennent plus durs, tout particulièrement au sujet de la Trinité, dogme qu'il repousse. On l'accuse d'avoir lu et étudié des livres interdits. En février 1576, il doit abandonner le froc dominicain et fuir, une instruction ayant été ouverte à son encontre pour le déclarer hérétique.
Dans un premier temps, Bruno espère rester en Italie. Il survit, de 1576 à 1578, par des leçons de grammaire ou d’astronomie, mais sa condition d’apostat l’amène à changer fréquemment de ville ou de région : Gênes, Noli, Savone, Turin, Venise, Padoue, Brescia, Naples abritent successivement ses doutes et ses recherches.
Épuisé par sa condition, il finit par s’exiler dans le Comté de Savoie, à Chambéry tout d’abord, puis il va dans la Genève calviniste. Mais son intégration dans la communauté évangélique ne durera qu’un temps : une dispute avec la hiérarchie (il conteste la compétence d’un de ses membres, le professeur de philosophie Antoine de la Faye) lui vaut arrestation et excommunication, le 6 août 1578.
Il repart et rejoint Lyon, puis Toulouse, alors sujette au dogmatisme catholique le plus intègre. Toutefois, il parvient à enseigner deux ans durant, et à obtenir le titre de magister artium (maitre ès-arts) et la fonction de « professeur ordinaire » (contractuel). Il alterne la physique et les mathématiques. Intéressé et impressionné par la mémoire colossale de Bruno, Henri III le fait venir à la cour et devient son protecteur, lui offrant, jusqu'en 1583, cinq années de paix et de sécurité.
Il figure parmi les philosophes attitrés de la cour. Henri III lui octroie une chaire de « lecteur extraordinaire et provisionné » au Collège des lecteurs royaux, préfiguration du Collège de France1. Son discours s’arrondit, et face aux tensions religieuses, adopte une position tolérante. En 1582, son talent d’écrivain, ironique et lyrique, vivant, imagé, se confirme dans Candelaio (Le Chandelier), comédie satirique sur son temps.
En avril 1583, Bruno se rend en Angleterre, à Londres puis à Oxford, où il reçoit un accueil hostile. Précédées par une réputation brillante mais sulfureuse, ses idées malmènent l’église anglicane ; il essuie de nombreuses critiques. Sûr de lui et de ses idées, plein de mépris pour les idées de ses contradicteurs, Bruno consacre deux années à répliquer ; il apparaît alors comme un philosophe, théologien et scientifique novateur mais impertinent. En 1584 paraissent :
La Cena de le Ceneri (Le Banquet des cendres).
De la causa, principio, e Uno (La Cause, le principe et l’un).
De l’infinito, universo e Mondi (De l’Infini, de l'univers et des mondes).
Dans ces ouvrages il expose sa vision cosmographique audacieuse et révolutionnaire. Il y soutient les thèses coperniciennes du monde, et va au-delà encore en imaginant un univers peuplé d’une infinité de mondes :
« Nous affirmons qu'il existe une infinité de terres, une infinité de soleils et un éther infini2. »
En 1585, trois nouveaux ouvrages approfondissent et poursuivent ses audaces :
Spaccio de la Bestia Trionfante (L’Expulsion de la bête triomphante) s'attaque aux attitudes calvinistes et catholiques.
Cabala del cavallo Pegaseo (La Cabale du cheval Pégase), opuscule satirique, démolit systématiquement la vénérable référence aristotélicienne.
De gl’ heroici furori (Les Fureurs héroïques) élimine l’idée d’un monde centré, présente un univers où Dieu n’a plus de lieu.
En octobre 1585 il retourne à Paris, où il entreprend une critique serrée d'Aristote, avec Figuratio Aristotelici Physici auditus (Esquisse de la physique aristotélicienne) et Centum et viginti articuli de natura et mundo (120 articles sur la nature et le monde). Mais les positions religieuses se durcissent : Henri III ne peut plus se permettre de défendre un révolutionnaire du savoir. De plus, une dispute avec Mordente, géomètre associé aux ligueurs l'accuse de plagiat en s’attribuant la paternité du compas différentiel. Il s’exile en Allemagne en juin 1586 ; l'université de Marbourg puis celle de Wittenberg l’accueillent. Le voilà dans la communauté luthérienne. Mais, à l’automne 1588, après des heurts avec sa nouvelle hiérarchie, Giordano Bruno apprend son excommunication de l’église luthérienne.
Il reprend la route, toujours en Allemagne.
Bruno accepte en août 1591 l'invitation à Venise d'un jeune patricien, Giovanni Mocenigo. Les deux hommes ne s'entendent pas : Bruno revient probablement motivé par l'envie d'être nommé à la chaire de mathématiques de l’université de Padoue, mais Mocenigo attend de Bruno qu'il lui enseigne la mnémotechnique et l’art d’inventer. Le patricien considère vite qu’il n'en a pas pour son argent, alors que Bruno considère que sa présence est déjà un honneur pour son hôte. Déçu, Bruno veut repartir et froisse Mocenigo, qui commence par le retenir prisonnier puis, ne parvenant pas à se le soumettre, finit par le dénoncer à l’inquisition vénitienne, le 23 mai 1592. Bruno est arrêté, jeté à la prison de San Domenico di Castello.
Au fur et à mesure du procès, qui durera huit années, l’acte d'accusation va évoluer. Le premier acte d'accusation se concentre sur ses positions théologiques hérétiques : sa pensée antidogmatique, le rejet de la transsubstantiation que le concile de Trente vient de confirmer, et de la Trinité, son blasphème contre le Christ, sa négation de la virginité de Marie. Mais ses activités sont déjà relevées : sa pratique de l’art divinatoire, sa croyance en la métempsycose, sa vision cosmologique. Au long du procès, l'acte d'accusation ne cessera de croître.
Blanchi par les tribunaux vénitiens, Bruno est presque libéré. Mais la Curie romaine semble vouloir lui faire payer son apostasie. Sur intervention personnelle du pape auprès du doge, une procédure tout à fait exceptionnelle, Rome obtient l'extradition et Bruno se retrouve dans les redoutables geôles vaticanes du Saint-Office.
En 1593, dix nouveaux chefs d'accusation sont ajoutés. Bruno subit sept années de procès, ponctuées par une vingtaine d'interrogatoires menés par le cardinal Robert Bellarmin, qui instruira aussi le procès du système de Copernic en 1616.
Il lui arrive de concéder un geste de rétractation, mais se reprend toujours : « Je ne recule point devant le trépas et mon cœur ne se soumettra à nul mortel. » Le pape Clément VIII somme une dernière fois Bruno de se soumettre, mais Bruno répond : « Je ne crains rien et je ne rétracte rien, il n'y a rien à rétracter et je ne sais pas ce que j'aurais à rétracter. »
Le 20 janvier 1600, Clément VIII ordonne au tribunal de l'Inquisition de prononcer son jugement qui le déclare hérétique et qui, « devant son extrême et résolue défense3 », le condamne à être remis au bras séculier pour être puni, selon la formule habituelle, « avec autant de clémence qu'il se pourrait et sans répandre de sang » (« ut quam clementissime et citra sanguinis effusionem puniretur »).
À la lecture de sa condamnation au bûcher, Bruno commente : « Vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre cette sentence que moi à la recevoir. ». Le 17 février 1600, il est mis nu, la langue entravée par un mors de bois l'empêchant de parler et de crier, sur le Campo Dei Fiori et supplicié sur le bûcher devant la foule des pèlerins venus pour le Jubilé.
Source Wikipédia
Chercher le bonheur en dehors de nous, c'est comme attendre le soleil dans une grotte orientée au nord. Adage Tibétain